Nicolas Bancel est historien, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne (Suisse), faculté des sciences sociales et politiques (ISSUL), professeur invité à l’Université de Californie Los Angeles (UCLA, États-Unis), codirecteur du Groupe de recherche Achac (colonisation, immigration, postcolonialisme). Il est spécialiste du fait colonial, des questions postcoloniales et de l’histoire des activités physiques.
Dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, naturalistes, ethnologues et médecins formalisent le concept biologique de « race ». Celui-ci repose sur une analyse des spécificités corporelles des différentes populations alors connues, et permet l’établissement d’une hiérarchie dominée par les Européens blancs, les hottentots africains étant au plus bas de cette échelle. Cette conception s’étend rapidement dans les cercles scientifiques, en Europe, puis au États-Unis et au Japon, durant la première moitié du XIXe siècle. Au même moment apparaissent les premiers spectacles ethniques, dont l’exhibition de la Vénus hottentote, entre 1807 et 1811, marque l’émergence, avant que le modèle ne se diffuse, d’abord à Londres, puis dans la plupart des pays européens, alors qu’aux États-Unis des exhibitions de populations « exotiques » remplacent progressivement les freak shows. Nous nous interrogerons sur les liens entre sciences et spectacles, qui se manifestent dans les zoos humains.
Si l’on veut lire
Nicolas Bancel a notamment codirigé Human Zoos. Science and Spectacle in the Age of Colonial Empires, Liverpool, Liverpool University Press, 2009 et The Invention of Race, Londres / New York, Routledge, 2015. Il a aussi publié De l’indigène à l’immigré, Paris, Gallimard, 1998 et La Fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial, Paris, La Découverte, 2005.